Blank Vol I.

With the kind support of l'Assault de la Ménuisérie Saint-Étienne (FR).

  • Medium: slide projection (80 broken glass slides)
  • Category: concrete photography / slide projection 3:4

Blank Vol. I / slide projection exhibition view l'assault de la menuiserie Saint-Étienne (FR)

© Crédit photo : Cyrille Cauvet

Blank Vol. I / slide projection exhibition view l'assault de la menuiserie Saint-Étienne (FR)

© Crédit photo : Cyrille Cauvet

 

Juliana Borinski — Blank

par Aurélien Pelletier

L’Assaut de la Menuiserie nous présente «Blank», une exposition monographique de Juliana Borinski.
Quand elle travaille sur la photographie ou le cinéma, Juliana Borinski n'utilise jamais d'appareil photo ni de caméra. Elle crée des images, généralement abstraites, en utilisant directement le papier photosensible ou la pellicule afin d'explorer leurs capacités esthétiques et techniques propres. Ce qui ne devrait être qu'un réceptacle de l'image, son support, devient le matériau même de son travail.

L'installation Blank Volume 1 réalisée sur place et présentée pour la première fois en témoigne. Elle comporte un projecteur et quatre-vingt diapositives. L'utilisation du matériel est à nouveau non conventionnelle puisqu'il n'y a aucune image fixée à l'intérieur de ces diapositives. A l'aide d'un clou, Juliana Borinski a soigneusement brisé chacune des plaques de verre des quatre-vingt supports. Elle y a ensuite ajouté quelques points de colle afin de maintenir les bris en l'état. A chaque nouvelle diapositive, la lumière vient projeter sur le mur une composition différente et intrigante, résultat des dégradations précédemment subies et conservées pour leurs qualités plastiques. Sur les premières diapositives la dose de colle est plus importante que pour les suivantes. Sous l'action de la lumière celle-ci noircit. Les premières diapositives finissent par être recouvertes de zones sombres, contrairement aux suivantes pour lesquelles moins de colle a été utilisée. La lumière n'est pas seulement employée pour projeter mais aussi pour sa capacité à faire changer les images. Tout comme pour les œuvres précédentes, l'artiste s'en sert comme d'un véritable outil. Elle lui sert à créer des motifs grâce aux propriétés des matériaux utilisés.

Juliana Borinski recherche l'erreur, le manque, le hasard. Elle se situe volontairement à la marge des systèmes qu'elle exploite, les médias visuels, en prenant soin d'éviter l'image au sens habituel et les nouvelles technologies, pour privilégier le «presque rien». Cette pratique non conventionnelle se retrouve également dans le fait que chaque pièce soit unique, à une époque où copier un élément ne nécessite qu'un seul clic, et alors que ses outils de travail sont la photographie et le cinéma, héros de la reproductibilité technique analysée par Walter Benjamin.